Les fermes de la région étaient constituées souvent de bâtiments avec cour fermée. Ceci s'explique peut être par l'absence dans toute la région de château fort. Le seul château connu à Mitry est celui de Bois le Vicomte, qui était une résidence pour une partie de la Cour du Roi et où Jean de La Fontaine a séjourné. Ce château aujourd'hui disparu, bien qu'entouré de douves n'était pas une place forte même si de nombreux souterrains encore existants y conduisaient.
Donc en l'absence de place fortifiée, la ferme faisait office de par sa construction d'une protection peut être suffisante. On verra plus loin que c'est au sein des fermes que la justice était rendue
Avant l'an Mil, les terres de Mitry dépendaient de l'abbaye royale de St Denis ou directement de ND de Paris. Au X me siècle une donation a lieu en faveur de l'abbaye de Chelles où on retrouve des états de terres à Mitry dès le XI me siècle. Au niveau de la société féodale, le comte de Dammartin, est également seigneur de Mitry.
Le fief de Maurepas appartient à cette époque à l'abbaye royale de Chelles. Ce fief couvre environ 120 hectares, plus les bâtiments de ferme, un moulin, un lieu de justice situé en face de la ferme. Un des lieux dit s'appelle d'ailleurs "la justice de Maurepas". On trouve plus détaillé le contenu du fief de Maurepas au XVI me siècle. La dîme était prélevée par le fief de Maurepas et la récolte de cette dîme engrangée dans une grange, appelée grange dîmeresse qui existe toujours et dont l'imposante architecture prouve l'importance de ce fief qui récoltait pour le compte des abbesses de Chelles l'impôt sur tout le territoire de Mitry et de Mory mais aussi de Tremblay. Ceci a entraîné des tensions avec le comte de Dammartin sur la quête de l'impôt. La ferme était gérée par un fermier et la famille Benoist a été aux commandes sur plusieurs générations.Voir ici la généalogie des Benoist
A Mitry donc, point de chateau, mais un réseau de souterrains traverse la commune, allant du bourg à Bois le Viconte. Peu de trace de ceux ci, ni quelle utilisation en était faite. On peut penser que sur ces terrains plats ils permettaient aux habitants de se cacher ou d'échapper aux envahisseurs et brigands. Tout le travail d'investigation reste à faire. On trouve trace de ces souterrains près de Maurepas dans l'ex parc Corbrion, où un a été mis à jour lors de la construction des HLM.; plus loin dans une cour de la rue de Villeparisis où un tombereau un jour s'enfonça, au détour du virage de la route neuve vers Mory. A chaque fois on a vu une voute pavée, puis tout a été rebouché.
La ferme devient propriété privée à la révolution. On trouve comme propriétaire M. Mallet et vers 1930 elle devient la propriété de MM Prud'Homme et Artus jusqu'à l'arrêt de l'exploitation peu après qu'une partie des terres ait été réquisisionnée pour construire l'aéroport de Roissy. Les seuls propriétaires que j'ai connus sont donc MM Prud'Homme et Artus qui avaient par ailleurs d'autres activités. Aussi pour la gestion de la ferme dont la surface culmina à 450 hectares, ils avaient recours à un régisseur, M Patron.
Pendant la seconde guerre mondiale, la ferme eut aussi ses heures noires, car elle fut le siège de la kommandantur. La cohabitation avec les ouvriers ne fut pas toujours facile et des anciens m'ont raconté que plus d'une fois ils ont été mis en joue. Mais le pire on ne le connait pas. Les longs couloirs voutés des caves de l'habitation et ses pièces latérales servaient de prison et de salles d'interrogatoires. Là dessus rien n'est remonté. Pendant cette période de nombreux Mitryens furent déportés pour actes de résistance ou parce que communistes.A la libération Maurepas fut un des derniers lieux de combat. De l'artillerie avait été installée par les Allemands devant la ferme et dans les greniers, les mitrailleuses veillaient. Des échanges eurent lieu . Un soldat américain a été tué dans le chemin des pommiers ou "allée double", qui longeait le pré. Les forces alliées détruisirent de nid de mitrailleuse qui de trouvait devant la ferme les servants Allemands (7, 8 ??) furent tués. Enfin l'occupant fit retraite et les américains firent plus de 150 prisonniers vers le cimetière du bourg.
Je me souviens de ce poteau situé à l'angle du jardin; chemin des coches où l'on voyait encore les traces de balles.